WUTUJI BOCIO
Cet objet représente une femme au ventre proéminent, portant trois cauris disposés en triangle sur le buste, un collier blanc au mollet droit, un autre autour du cou, et enfin un collier rouge au mollet gauche. Les traits du visage se fondent dans la croûte sacrificielle, composée majoritairement de sang. Elle n’a pas de bras. Il s’agit de la représentation d’une femme enceinte.
Ce type de fétiche s’appelle un « Wutuji Bocio ». « Wu » signifie le « corps » tandis que « ji » signifie « enflé », « gonflé » ou encore « donner naissance », « créer ». Ces objets, reconnaissables par leur ventre proéminent, sont tantôt sculptés directement dans le bois, tantôt créés par une accumulation d’herbes, généralement maintenus par un morceau d’étoffe imbibé et noué autour du corps, ou encore retenue par un tressage de cordes. De nombreuses matières et éléments leur sont rajoutés, afin de les activer. Ces statuettes représentent uniquement des femmes, tandis qu’un grand nombre de fétiches n’a pas de sexe déterminé. Alors que certains visages se distinguent par leur réalisme et leurs traits fins, d’autres possèdent des traits moins précis. Les Wutuji Bocio sont utilisés pour exaucer toutes ces sortes de demandes, associées plus généralement à des questions de fertilité ou de naissance. Mais elles peuvent également être associées à la sorcellerie.
Pendant la grossesse, plusieurs consultations du Fa sont faites chez le prêtre pour assurer la protection de la femme et de son enfant. La femme doit alors se plier à un régime alimentaire spécifique : ne pas manger d’œuf, car il contient la vie, ou encore pas de crabe ni de singe pour que l’enfant ne marche pas de travers… Lorsque l’enfant naît, le cordon ombilical est coupé avec une feuille de palmier tranchante. Enfin, la mère est recluse dans sa chambre avec son bébé, entre sept et neufs jours, voire seize jours s’il s’agit de jumeaux.